Cet engagement, difficile, de la raison, de l’intelligence, de l’humanité.
Mesdames et Messieurs les Présidents d'associations ou leurs représentants,
Mesdames et Messieurs,
Au nom de notre Députée-Maire Hélène GEOFFROY, je vous souhaite la bienvenue à Vaulx-en-Velin. Hélène GEOFFROY m’a chargé de vous remercier de votre présence et de votre participation à cette journée.
C’est dans un contexte bien particulier que se tient cette journée au cours de laquelle seront abordés des thèmes oh combien au cœur des enjeux de notre société.
La folie meurtrière qui a sévi vendredi dernier à Paris, comme elle a frappé le Mali, le Liban, la Turquie, le Kenya, l’Egypte, la Tunisie ou l’Algérie -des années durant- et d’autres pays encore, cette folie ne sera jamais le linceul des Valeurs Universelles, des Droits Humains, des Libertés.
Notre Ville s’incline devant la mémoire des 130 victimes, jeunes pour la plupart, de 19 nationalités différentes, abattues par un fanatisme insensé.
Restons vigilants devant toute instrumentalisation de cet ignoble massacre, alors que déjà l’Extrême-Droite et la Droite extrême s’y engouffrent totalement.
Notre engagement demeure plus que jamais précieux pour la Démocratie. Il est la démonstration de notre détermination à faire Société commune.
Soyez donc les bienvenus dans cette ville où, peut-être davantage qu’ailleurs, vos engagements et vos actions prennent tout leur sens, toute leur pertinence, toute leur valeur.
Cette journée partagée, c’est aussi une façon de dire notre profonde considération pour chaque vie humaine. Permettez-moi d’insister sur notre attachement aux valeurs pour lesquelles nos parents ont lutté, souvent dans la douleur et l’adversité de l’exil ; ces belles valeurs de dignité de courage et de respect pour lesquelles tant de femmes et d’hommes, comme eux, luttent encore aujourd’hui de par le monde.
Vaulx-en-Velin est une ville particulière. Elle est constitutive de migrations successives et, d’une certaine manière, c’est son Histoire et son âme qui plongent leurs racines dans tous les continents. Ici, les origines diverses sont consubstantielles de notre peuplement et de notre développement depuis près d’un siècle.
L’effort pour faire Ville commune a été variable selon les périodes. La situation de crise économique notamment l’a rendu plus nécessaire et plus exigeant depuis deux bonnes décennies. Toujours est-il que, chez nous, ce travail du vivre ensemble est constant et, à bien des égards, exemplaire. Pour faire court, ici se jouent, se vivent les défis de la France d’aujourd’hui et donc de demain.
Je ne vais pas vous dresser un portrait enjolivé d’une ville qui porte le stigmate des épreuves sociales ; une ville qui concentre précarités, déséquilibres et dysfonctionnements. Vaulx-en-Velin a parfois été un lieu de tempêtes mais il arrive que les tempêtes soient salutaires.
C’est, en effet, à partir des évènements qui se produisirent ici, en octobre 1990, que fut mise en œuvre la « Politique de la Ville » par François MITTERRAND et son Premier Ministre de l’époque, Michel ROCARD.
Nous sommes donc, depuis 25 ans, dans tous les dispositifs s’y référant. S’ils ont permis de contenir, en partie seulement, les effets d’une paupérisation croissante, ils n’ont pas corrigé les conséquences des politiques et des formes urbaines qui relevaient des conceptions constructivistes et totalitaires en cours dans les années 50/60/70.
Pour autant, ce serait une erreur de réduire Vaulx-en-Velin au berceau de la « Politique de la Ville » ou à un réceptacle de difficultés sociales ; c’est aussi une exceptionnelle richesse humaine, une population qui, malgré ou grâce à l’adversité, affronte le réel et s’investit dans l’action collective et solidaire ; la solidarité est même, ici, quasiment organique.
Les Vaudais peuvent beaucoup apporter. Ils sont, en quelque sorte, d’excellents experts de leur territoire ; un territoire, nous le savons bien, trop longtemps considéré ou vécu comme aux confins de la République. Il nous appartient d’en faire un temps révolu.
« Vivre ensemble » n’est pas une mince affaire -si vous me permettez l’expression- et cela ne date pas d’aujourd’hui.
Je ne vous apprends rien, vous qui êtes investis dans l’action collective : vous savez bien l’impérieuse nécessité qu’il y a à sortir de cette dangereuse et commode tendance qui a consisté et consiste encore, pour certains, à juxtaposer des populations désunies.
Vous savez bien que se rencontrer, se connaître, partager et s’apprécier nourrissent et constituent la qualité de la cohésion sociale.
L’exercice est d’une grande complexité, surtout dans cette période de notre Histoire, mais c’est aussi une exaltante obligation.
L’actualité permet de rappeler le devoir de vigilance permanente qui nous incombe, qui incombe à tous. Une vigilance que les Vaudais maintiennent parce qu’ils sont nombreux à avoir connu, à connaître dans leur chair ce qu’est l’adversité des préjugés diffus et sournois ou même avérés et violents.
Beaucoup des habitants de ma Ville se sont construits humainement, socialement, politiquement contre les rhétoriques qui conduisent à stigmatiser ceux qui n’ont pas, au choix, le nom, la couleur, le langage, les codes, la religion, le cursus, le genre ou l'orientation sexuelle qu’il faut ou plutôt « qu'il faudrait ».
Force est de constater que la France aussi vit cette forme de fracture. Notre espace républicain en est même menacé. Il n’y a qu’un pas des stéréotypes ou des préjugés pour tomber dans la discrimination et le racisme.
Dans le fatras des discours populistes, le propos raciste fait preuve de subtilité. Il n’en contient pas moins le lynchage verbal et l’image phobique de l’Autre non-semblable. Méfions-nous désormais du style soigné dans l’appel au rejet, à la haine.
Au-delà de la condamnation indispensable, il nous faut désormais reprendre une parole et une action fortes, si nous ne voulons pas que les particularismes deviennent fractionnels voire séditieux.
Dans ce climat général, où les ferments d’affrontement existent plus forts qu’on ne l’imagine, nous devons cesser de nous voir, les uns et les autres, par le petit bout d’une lorgnette ethnique ou religieuse.
Cette lorgnette qui nous définit, qui nous réduit à : Blanc, Noir, Arabe, chrétien, juif, musulman, mécréant, que sais-je encore. Des adjectifs auxquels certains confèrent la propriété de qualifier les personnes. Nous en avons beaucoup et souvent entendu, y compris provenant de personnes supposées « au-dessus de tout soupçon ».
Il y a aussi une autre lorgnette insidieuse : celle qui nous réduit à nos origines sociales et dans ce domaine non plus nous ne devons admettre que soit discriminé qui que ce soit sur la base de préjugés élitistes ou de classes sociales.
Le combat politique admet et se nourrit des oppositions, des controverses, des conflits même. C’est l’immense valeur de la Démocratie que d’accepter la contradiction à condition qu’elle demeure dans les limites de la décence partagée et du respect de la personne.
Nous partageons cet engagement difficile. Il est celui de la raison, de l’intelligence, de l’humanité pour sortir des préjugés binaires et simplistes.
Nous travaillons inlassablement à un apaisement nécessaire, nous travaillons à construire une ville du vivre ensemble, une société post-ethnique dans laquelle, comme nous le dit Voltaire, « les Hommes se regarderont tous comme des frères ».
Vaulx-en-Velin forme un exceptionnel mélange humain. D’ailleurs, la composition de notre municipalité incarne, d’une certaine manière, cet idéal républicain et assume toute sa légitimité représentative.
Nous allons poursuivre l’œuvre engagée notamment avec notre Plan de lutte contre le racisme, l’antisémitisme et les discriminations, pour faire de notre commune un exemple du vivre ensemble.
Nous disons souvent que Vaulx-en-Velin a une France d’avance, que nous avons beaucoup à montrer à notre Pays mais deux chemins s’ouvrent à nous.
L’un est une impasse, celle du repliement, du sectarisme, du différentialisme : « égaux mais séparés ». C’est la pente d’un fascisme ordinaire, d’un ethnocentrisme, d’un apartheid où nous pouvons glisser et nous enliser et où souhaitent nous entraîner les prophéties du chaos et les nihilistes en tout genre.
L’autre chemin est celui des valeurs universelles de Liberté, d’Egalité et de Fraternité. Il exige la mise en œuvre de politiques volontaristes.
C’est le chemin que nous choisissons et sur lequel nous nous engageons de toutes nos forces, unis par un credo commun : la Démocratie ; au sein d’une communauté partagée : la République dans le cadre d’une laïcité respectueuse et garante de la liberté de chacun.
Merci de votre attention.