Une ville de biens communs.
Intervention de Stéphane GOMEZ
« Faire la Ville en (biens) communs »
ENSAL – samedi 10 octobre 2015 – 9h
Mesdames et Messieurs,
Permettez-moi de vous souhaiter la bienvenue à Vaulx-en-Velin et de remercier Madame MEZUREUX, Directrice de l’ENSAL, qui nous reçoit dans cette prestigieuse Ecole.
C’est pour moi un plaisir de représenter ici la Municipalité et les habitants de ma Ville.
Vaulx-en-Velin a la particularité, entre autres, d’être une Ville constitutive de migrations successives et -d’une certaine manière- c’est son « identité » (« identité » entre guillemets ; je n’aime pas ce mot saturé de sens et piégé), une « identité » qui plonge ses racines dans toutes les formes d’exils possibles et qui nourrissent, en partie, notre quotidien. Ici, la solidarité est organique et le collectif, le commun sont, depuis près d’un siècle, consubstantiels de notre Histoire, de notre développement, de notre peuplement.
Depuis longtemps déjà, ma ville pâtit de cette forme de sortilège banlieusard dont elle est l’emblème -dit-on- ; longtemps reléguée, géographiquement (elle l'est encore trop, tant que le métro ou le tramway ne nous irriguent pas), socialement, aux confins de l’Agglomération et, parfois même, du point de vue de la représentation symbolique, aux confins de la République !
Quand certains parlent de notre ville -ceux qui n'y vivent pas- les « lieux communs » ne manquent pas.
Tous ceux qui n’en restent pas à cette représentation partielle et restrictive renvoyée parfois, ceux qui font œuvre de discernement, d’objectivité, de curiosité savent l’immense potentiel dont nous disposons.
Ils savent que Vaulx-en-Velin ne manque pas d’atouts ; ne serait-ce que celui, et pas des moindre, d’accueillir ce Campus regroupant l’Ecole d’Architecture et l’Ecole Nationale des Travaux Publics de l’Etat !
Mais rassurez-vous, je ne vais pas me livrer à une sorte de démagogie promotionnelle sur nos « bien communs ». Je ne vais pas vous dresser un portrait aseptisé d’une ville qui, il est vrai, porte profondément le stigmate des épreuves sociales et qui concentre précarités, déséquilibres, dysfonctionnements ; une ville dont les formes urbaines relèvent des conceptions épuisées des années 60/70.
Des formes urbaines qui ont, au choix, produit, accompagné ou renforcé une espèce de juxtaposition de quartiers et de populations propice aux repliements.
Le défi de faire Ville commune n’en est que plus grand !
Vaulx-en-Velin a souvent été un lieu de tempêtes ; tempêtes salutaires quelques fois.
C’est, en effet, à partir des évènements qui se produisirent ici, en octobre 1990, que fut mise en œuvre la « Politique de la Ville » par François MITTERRAND et son Premier Ministre de l’époque, Michel ROCARD.
Notre ville figure, depuis, dans tous les dispositifs de la « Politique de la Ville » (25 ans cette année) qui englobe tous les domaines et toutes les disciplines ; notamment celles qui vous intéressent et dans lesquelles vous travaillez.
D’ailleurs des élèves de cette Ecole s’investissent remarquablement auprès d’habitants de la Ville et notamment auprès des plus jeunes. Ils appréhendent ainsi une réalité diverse et complexe. Ils se frottent à la « vraie Ville », si vous me passez l’expression, ce lieu commun.
Où davantage qu’ici se confronte-t-on à l’urbanité ? Ne sommes-nous pas, ici, au cœur des mutations urbaines ; aussi bien des problématiques de transition énergétique, d’environnement, de développement numérique,... que des questions du vivre ensemble ? Ici se croisent les enjeux, « temps communs » de notre société en mutations.
Les recherches développées à l’ENTPE et à l’ENSAL, s’appliquent, un jour ou l’autre, dans les politiques d’aménagement et impactent, d’une façon ou d’une autre, le quotidien des citoyens vaudais.
Et je ne vous apprends rien en vous disant que Vaulx-en-Velin est une ville, plus que d’autres, concernée par ces politiques.
Pour autant, cette Ville n’est pas uniquement le berceau de la « Politique de la Ville » ou le réceptacle des difficultés sociales ; c’est aussi une exceptionnelle richesse humaine, une formidable jeunesse qui, malgré ou grâce à l’adversité, affronte le réel, s’engage dans l’action collective et, par là-même, s’émancipe. J’insiste sur cette soif de s’investir pour le bien commun.
Dans cette période de mutation que nous avons engagée, l’ambition est de faire de notre Ville une composante à part entière de la Métropole Lyonnaise.
Nous avons la volonté et la capacité, je crois, de faire une force des erreurs commises ; de sortir des politiques spécifiques pour rejoindre le Droit Commun.
Pour résumer, c’est ici que se définissent et se jouent concrètement les défis sociétaux et civilisationnels de la France urbaine d’aujourd’hui et donc de demain.
Vos travaux sont d’ailleurs précieux pour parvenir à les relever, en irradiant en dehors de ces murs. En un mot, cette Ville vous concerne d’une manière ou d’une autre.
Vaulx-en-Velin attend donc de vous mais, n’oubliez pas, peut aussi beaucoup vous apporter. Les Vaudais sont, croyez-moi, d’excellents experts de leur territoire. Les savoirs que nous partageons ne sont pas que descendants.
Permettez-moi, pour conclure, de vous transmettre les salutations de Madame Hélène GEOFFROY, Députée-Maire de Vaulx-en-Velin. Elle m’a chargée de vous souhaiter de bons travaux.
Je voudrais conclure en remerciant pour leur invitation Claire BROSSAUD la Directrice du festival « les temps communs » et Luc BOUSQUET le Directeur de recherche et des partenariats.
Voilà, Mesdames et Messieurs, j’espère, avec ces quelques mots, vous avoir communiqué à tous un peu d’intérêt pour cette Ville qui le mérite tant.
Je vous remercie de votre attention.