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C'était peut-être avant gardiste dans les steppes du XIX°s...

Publié le par Stéphane GOMEZ

C'était peut-être avant gardiste dans les steppes du XIX°s...

Mesdames, Messieurs,

 

Permettez moi d'abord d'excuser Mme la Maire, Hélène GEOFFROY, retenue par d'autres obligations dans la difficile tâche que lui ont donné les Vaudaises et les Vaudais de remettre un cadre et de l'ambition à notre commune.

 

Ensuite, et à la suite de ce qui vient d'être dit, je veux, au nom de la Ville, me féliciter de l'inauguration de ces jardins partagés qui nous réunissent -c'est bien leur but, réunir les gens- et plus globalement du travail qui est fait sur La Balme, et qui symbolise le sens de la démarche de politique de la ville que nous soutenons et notre engagement pour la porter toujours plus fortement.

 

La politique de la ville, c'est une action partenariale d'abord, avec les différents acteurs qui interviennent : la Ville, la Métropole, l'Etat, le GPV, des associations, les habitants naturellement (mais vous comprendrez que je réserve un point plus précis pour les habitants dans la suite de mon propos) et bien sûr les bailleurs. Sans l'investissement des bailleurs en général, et dans le cas présent d'Alliade, toute cette action ne serait pas possible. Par cet engagement, ils réaffirment qu'ils ne sont pas des vendeurs d'espaces à dormir, des promoteurs ordinaires, mais bien des acteurs et des producteurs de lien social, qui agissent pour le bien être et les bonnes conditions de vie des habitants, des habitants qui ne sont plus perçus seulement comme des locataires mais bien comme des forces agissantes de leur quartier, de leur ville, de leur agglomération, de nos vies.

 

Cela ne donne bien sûr pas un blanc seing à toute la démarche de promotion sociale, et je ne doute pas que les locataires ont de nombreuses interrogations et demandes sur les charges ou l'entretien,… Mais cela démontre que les bailleurs peuvent et veulent être -plus que des interlocuteurs- des partenaires.

 

La politique de la ville, c'est ensuite une action humaine. Bien sûr que l'action urbaine est importante, primordiale même parfois. Nous n'ignorons pas, ici, les difficultés sociales que crée l'enclavement urbain d'un quartier comme La Balme. La majorité municipale n'est pas aveugle, elle voit ce que nous voyons tous. Une action urbaine forte doit être envisagée, la Ville en est convaincue, les bailleurs -je pense pouvoir le dire- le sont aussi, les habitants qui nous interpellent encore plus ; et ensemble nous essayons de convaincre nos autres partenaires de nous aider à aller vers cette intervention urbaine nécessaire.

 

Repenser la forme urbaine de La Balme est une nécessité, mais je ne suis pas de ceux qui pensent que la pierre suffit au bonheur des gens. Bien sûr qu'il faut être logé et convenablement logé. Mais l'urbain sans l'humain n'est rien. En parallèle, ou mieux : en fusion avec l'action urbaine, il nous faut mener une action sociale, c'est celle que mène les associations du Sud ou de la Ville, c'est celle que mène les associations d'habitants acteurs du quartier, c'est celle qui est menée quand il y a un an nous inaugurions l'air d'urban training, c'est celle qui est menée quand nous inaugurons aujourd'hui ces jardins partagés, c'est celle que nous continuerons à mener pour que nos quartiers vivent de l'impulsion vitale que leur donnent leurs habitants.

 

Après l'échec des idéologies de la pierre, celles du chemin des grues des ZUP superficielles il y a 40 ans aux ZAC quand elles sont artificielles d'il y a quelques années, nous avons nous plus de modestie : remettre l'humain au coeur de la ville et de chacun nos quartiers.

 

La politique de la ville, enfin, c'est la politique de l'habitant – citoyen. Je parlais en guise d'idéologies datées de l'idéologie de la pierre, je pourrai parler de l'idéologie des avant-gardes, quand on prétend faire le bonheur des gens sans les gens, quand on prétend faire « pour » et que l'on fait « sans ». C'était peut-être avant gardiste dans les steppes du XIX°s, c'est rétrograde dans la France du XXI°s. Ce n'est pas en tout état notre démarche, qui de conseil de quartier en conseil de la vie associative veut redonner leur place et leur rôle aux habitants, dans un dialogue parfois vif (les compte-rendus dans la presse des réunions de conseil de quartier montrent que la majorité municipale ne brime pas la parole) mais nécessaire si l'on croit que chaque habitant est le meilleur spécialiste de sa vie.

 

Nous ne voulons pas d'habitants spectateurs et encore moins d'habitants consommateurs. Nous croyons et défendons l'habitant acteur, exigeant et conscient, prêt à réfléchir, partager et agir, agir pour lui, agir pour nous, agir avec nous, nous tous chacun dans sa place, son grade et sa qualité. Ces jardins partagés ne seront pas un succès parce que la Ville, le bailleur et tous les partenaires les ont voulu. Ils seront un succès car ils correspondent à une volonté, une co-construction et une pratique des habitants ; parce qu'ils seront un parmi d'autres des outils d'approfondissement du lien social pour cultiver notre vivre ensemble, pour cultiver notre ville ensemble, et en faire jaillir les fruits savoureux de notre société plus forte, plus fraternelle, plus humaine.

 

 

 

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