La noblesse de la politique c'est de renforcer ce lien qui nous rassemble.

Le Conseil Municipal de fin mai a permis l'adoption de nouvelles actions du Plan de Lutte contre le Racisme, l'Antisémitisme et les Discriminations, plan que la Municipalité porte depuis presque un an maintenant et qui a servi d'exemple au plan national annoncé par la suite par le Gouvernement à l'automne dernier.

Fidèle à sa logique, l'opposition de Droite et du Front de Gauche (pour le moins pour ses élus présents, ce qui devient une rareté) n'a pas voté « pour » des actions construites par des collégiens de notre ville ou des jeunes Vaudais dans les centres sociaux, pour des actions qui réunissent des acteurs locaux et nationaux dans un échange et la construction par les habitants de projets.

Autour de projets bâtis avec les associations, les centres sociaux, les écoles ou les collèges, ce Plan de Lutte vient en aide aux victimes; il veut aussi agir en amont, par des mesures qui cherchent à déconstruire les préjugés.

La société française est en souffrance. La crise socio-économique a laissé grandes ouvertes les portes au repli sur soi ou au repli identitaire, aux réponses faciles des hurlements populistes. Cette souffrance n'est donc pas spécifiquement vaudaise, mais c'est la responsabilité de notre Ville est de l'affronter et de mobiliser les outils à sa disposition pour la résoudre à son échelle, par les 2 entrées possibles :

• l'aide aux victimes de discriminations;

• la lutte en amont contre l'enkystement de la haine et du rejet de l'autre, par la dénonciation des discriminations et la déconstruction des logiques qui permettent l'assignation identitaire, l'enfermement de l'autre dans une identité dépersonnalisante, son rejet.

La politique ne peut pas être un discours de circonstances, que l'on adapte en fonction de petits calculs électoraux. La noblesse de la politique, c'est de renforcer le lien qui nous rassemble, ce n'est pas d'enfermer dans les préjugés, dans l'ignorance, dans l'assignation identitaire ou dans le négationnisme. On ne peut pas adapter son verbe à son intérêt clientéliste supposé, dénoncer la culpabilisation d'une communauté dans un cas, demander la culpabilisation d'une communauté dans un autre; dénoncer les lois de repentance dans un cas, en demander une dans un autre.

Lors de ce conseil municipal, nous avons dit ce qu'était notre projet politique, celui de rassembler en déconstruisant les préjugés. D'autres ont dit le leur aussi -la confusion de la forme ne cachait pas le fond sinistre-, opposant les mémoires, opposant pour rassembler un « clan », une communauté supposée, contre le reste de la population.

C'est un jeu dangereux, car il entretient les haines et les violences. C'est un jeu dangereux, car il enferme les gens dans une identité factice qui s'intègre dans un groupe mythique. C'est un jeu méprisant, car il joue sur les bas instincts, estimant que les gens ne valent pas plus et mieux.