QUI SE SOUVIENDRA DU PETIT MÉNARD ?
Pour celles et ceux qui comme moi, en leur temps, ont soutenu RSF, la dernière actualité de Robert MÉNARD ne surprend pas.
On se souvient que celui-ci (dont on oublie où il fut journaliste pour mériter d'être rémunéré à la tête de RSF) se mit lentement et sûrement les militants des droits de l'Homme à dos quand, outre les rumeurs de financement par l'Extrême-Droite US, il laissa apparaître des indignations différenciées selon si le dictateur fut « de Gauche » (Cuba, Chine), d'un pays arabe et / ou musulman (Iran) ou « de Droite » (Russie,…), ces derniers bénéficiant d'une clémence refusée aux premiers.
La suite de son parcours, à coup de saillies grossières contre l'islam, les musulmans ou les homosexuels, ne fut que le pathétique pavement de la voie vers la candidature « bleue marine » aux municipales de Bézier.
Cette dernière actualité ne nous surprend donc pas, mais est révélatrice du F-Haine, que le bleu seing de Marine ne saurait masquer.
Cette affaire du fichage, vraie ou fausse (puisque maintenant il nie après avoir promptement donné un chiffre pourtant si précis), est pourtant bien révélatrice de quelques caractéristiques de l'Extrême-Droite :
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son caractère liberticide et totalitaire (venant d'un ancien responsable de RSF ! C'est dire le poids de ses convictions à l'époque…), puisqu'en dépits de tout principe les gens sont fichés dans le plus grand secret pour mieux exercer un contrôle social a priori sur eux.
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son caractère discriminatoire et haineux, puisque le musulman, dès son plus jeune âge, est donc chez MÉNARD et sa clique un ennemi potentiel à contrôler. Il n'y a plus de logique individuelle (tel ou tel individu est dangereux tel qu'un processus de preuve et contre-preuve l'a démontré) mais globalisante (tous les membres de cette communauté réelle ou supposée sont dangereux, sans qu'il soit besoin de le démontrer).
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son caractère d'assignation, puisque le petit MÉNARD reconnaît avoir construit son fichier sur la base des prénoms, donc d'une assignation identitaire (Mehdi est musulman puisqu'il s'appelle Mehdi, Jean-Paul est donc chrétien catholique, et Sarah… et merde : Sarah!). Et cette assignation identitaire est le pas ultime de la logique discriminatoire, puisque l'on n'existe plus comme individu, mais comme membre d'une communauté définie par des critères intangibles. Inutile de convaincre chez gens là que l'on pourrait être Arabe, athée et homosexuel (et citoyen français?).
N'en déplaise à certains éditorialistes de la pensée unique droitiste, qui tentent de faire dériver le débat sur les « statistiques ethniques » (qui peuvent avoir un sens si elles sont faites de manière anonyme et publique), cette affaire est grave, n'ont pas tant sur ses effets pratiques que le scandale auront pu empêcher, mais sur ce qu'elle révèle du logiciel de pensée de certains responsables élus grâce au système démocratique qu'ils méprisent pourtant tant, et qui agissent aujourd'hui contre notre société et nos droits.
Cette affaire est grave, car elle nous redit combien, en pratique, il nous est toujours plus difficile à continuer à être Charlie…